Inverser la courbe du chômage

Promesse non tenue

Promesse non tenue de François Hollande

Un objectif précisé : l'inversion d'ici l'automne 2013

Promesse préciséeLe 9 septembre 2012, au 20h de TF1, François Hollande promet d'inverser la courbe du chômage "d'ici un an".

La promesse discrètement repoussée de 3 mois

Promesse reportée

  • Les doutes du gouvernement

Sitôt la promesse énoncée, elle a été mise en doute par les membres du gouvernement. "Je ne sais pas si nous y parviendrons", confie Jean-Marc Ayrault, tandis que la porte-parole, Najat Vallaud-Belkacem, nuance l'objectif en parlant d'"horizon 2014"

  • Le report à la fin 2013

Confronté à ces réactions dubitatives, François Hollande réaffirme sa promesse le 3 et le 21 décembre 2012... en repoussant discrètement l'échéance de trois mois : "J'ai moi-même dit que nous avions l'objectif à la fin de l'année 2013 de pouvoir l'inverser mais, d'ici là, nous allons encore subir des augmentations du nombre de demandeurs d'emplois avec toutes les conséquences que cela a."  Un calendrier confirmé lors de ses voeux aux Français, le 31 décembre 2012. 

Le seuil du 9 septembre dépassé

Promesse briséeUn an jour pour jour après la promesse de François Hollande, le 9 septembre 2013, la courbe du chômage n'a toujours pas été inversée :

  • Le nombre de chômeurs sans aucune activité (catégorie A) n'a jamais cessé d'augmenter
  • Le nombre de chômeurs toutes catégories confondues (A, B et C) n'a baissé qu'une fois, en mai 2013 (- 3 600)

Un échec relativisé par Michel Sapin, qui demande sur France 5 à "ne pas jouer sur les mots", renvoyant à la fin de l'année 2013 et affirmant l'importance d'une "inversion durable" de la courbe (voir à partir de 16'50).

L'inversion de la fin 2013 n'a pas eu lieu

A la fin de l'année 2013, l'inversion de la courbe promise n'a pas eu lieu :

  • Une augmentation mensuelle de 8 200 chômeurs de catégorie A (métropole + outre-mer) en décembre 2013 (+0,2 % par rapport à novembre, 5 % en rythme annuel)
  • Une augmentation trimestrielle de 5 800 chômeurs de catégorie A (métropole + outre-mer) au dernier trimestre 2013 (+ 0,2 % par rapport au troisième trimestre)
  • Le constat est le même pour la seule France métropolitaine et pour le comptage plus large des chômeurs (catégories A, B, C)

Les deux seules baisses mensuelles constatées en août (à la suite d'un bug de l'opérateur téléphonique SFR) et octobre 2013 (- 20 500 chômeurs de catégorie A) ont donc été annulées par les autres mois en hausse.

 

Le gouvernement avait préparé le terrain à cet échec en évoquant la veille de la publication des chiffres non plus une "inversion" mais une "stabilisation". Dans son communiqué, le ministère du Travail a reconnu que l'inversion n'avait pas encore eu lieu, alors qu'il espérait quelques semaines auparavant pouvoir tenir son objectif en observant l'évolution de la courbe du chômage "sur plusieurs mois""Stabiliser, c'est ce que nous avons réussi, (ça) ne suffit pas", a réagi François Hollande au moment de la publication des chiffres de décembre 2013. Le lendemain, il a officiellement reconnu son échec : "Nous n'avons pas réussi en 2013 à faire diminuer le chômage."

Le jour de l'annonce des chiffres du mois de janvier 2014 - hausse de 0,3% du nombre de chômeurs -, le ministre du Travail Michel Sapin a affirmé qu'"il doit y avoir moins de chômeurs à la fin de l’année qu’au début", en enjoignant une nouvelle fois à "ne pas regarder les chiffres au mois le mois""La bataille n'a pas été gagnée à l'heure dite, mais elle le sera", assure-t-il au Monde.

La promesse tenue fin 2013... selon l'Insee

Les statistiques publiées par l'Insee le 6 mars 2014 montrent une diminution du nombre de chômeurs au dernier trimestre 2013. Le taux de chômage a reculé de 0,1 point à 9,8 % au dernier trimestre, et s’est stabilisé sur l’ensemble de 2013. Du coup, le ministre de l'Agriculture, Stéphane Le Foll, le ministre du Travail, Michel Sapin, et Jean-Marc Ayrault estiment que l'inversion de la courbe a bien eu lieu.

Pourtant si les chiffres de l'Insee sont positifs, ils ne permettent pas de considérer la promesse de François Hollande comme tenue. Comme l'explique La Tribune, c'est bien sur les chiffres de Pôle emploi que le gouvernement avait axé sa communication en 2013. Or, ceux-ci ne montrent pas de retournement de la courbe.

Légère baisse en 2014

Selon les chiffres de l'Insee, le chômage, s'il n'a pas baissé, s'est stabilisé au premier trimestre 2014, puis au second trimestre, à 9,7%. Sur un an glissant, le chômage baisse en revanche de 0,2 point dans l'Hexagone, et de 0,1 point en incluant l'outre-mer, précise l'Insee.

Les nouveaux engagements de Rebsamen

Promesse préciséeEn mai 2014, le nouveau ministre du Travail François Rebsamen prend ses distances avec son prédécesseur Michel Sapin, critiquant le vocabulaire utilisé jusque làSelon François Rebsamen, on ne doit pas seulement "inverser une courbe" du chômage mais bien réduire le nombre réel de chômeurs. Un nouvel objectif est alors fixé : ramener le chômage à son niveau de 2012, à moins de 3 millions

>> Voir promesse liée 

Promesse non-atteinteLe 24 juin, il explique que son nouvel objectif est de "stabiliser" le taux de chômage en dessous des 10 % en 2014. Il ne sera pas tenu, puisque le chômage s'élève encore à 10,5 % à la fin 2014.

Promesse partiellement tenueLe 18 mars 2015, François Rebsamen "prend l'engagement" sur Radio Classique d'une "stabilisation voire d'une baisse du chômage" d'ici la fin de l'année 2015. Au sens du BIT, celle-ci a eu lieu, puisque le taux de chômage s'élève à 10,2 % à la fin 2015. En revanche, les chiffres de Pôle emploi donnent une légère augmentation du nombre de chômeurs.

Hollande lie sa candidature à l'inversion de la courbe

Promesse précisée"Si le chômage ne baisse pas d'ici 2017, je n'ai aucune raison d'être candidat", promet François Hollande le 18 avril 2014, alors d'un déplacement dans une usine Michelin. Le président ajoute qu'il n'avait "aucune chance d'être élu" si la courbe ne s'inversait pas, pariant déjà sur une probable défaite quelques jours après que le Figaro a publié un sondage révélant qu'il ne passerait pas le premier tour en cas de présidentielle face à Sarkozy et Le Pen.

Un constat qui se transforme en engagement lors de son entretien télévisé du 14 juillet 2015, lors duquel il affirme que "s'il n'y a pas de baisse du chômage, je l'ai dit plusieurs fois, je ne serai pas candidat [en 2017]". 

Le 27 juillet, à l’occasion du dîner annuel de l’Association de la presse présidentielle, M. Hollande précise que "c’est dans l’année 2016 que cette baisse crédible doit apparaître. Il faut qu’il y ait une baisse du chômage tout au long de l’année 2016".

Comme l'explique Le Monde, François Hollande prend ses précautions quant à cet engagement. Il a averti qu’il pourrait certes toujours y avoir, en 2016, des aléas, autrement dit des mois au cours desquels pourrait augmenter le nombre de demandeurs d’emplois. Il dit préférer s’attacher à ce qu’il appelle la "chronique longue" de l’année 2016, l’enjeu étant, pour lui, de "faire diminuer le chômage suffisamment longtemps pour que ce soit suffisamment crédible". De plus, quand il parle de "baisse" du chômage, le chef de l’Etat annonce clairement qu'"il est impossible de retrouver le niveau de chômage de 2012".

Interrogé par les auteurs du livre Le Pari (Plon), François Hollande explique courant 2015 que l'évaluation de sa promesse se fera sur "une tendance", "une ambiance".

Le 1er décembre 2016, François Hollande annonce qu'il ne se représente pas pour un nouveau mandat. Il juge à ce moment-là que les résultats sur le front du chômage arrivent trop tard. "Les résultats arrivent, plus tard que je les avais annoncés [...] mais ils sont là."

Forte hausse en fin de quinquennat

Promesse briséeToutefois, la dernière annonce des chiffres du chômage du quinquennat de François Hollande a fait état, pour le mois de mars 2017, de la plus forte hausse depuis janvier 2013.

Le nombre de chômeurs à l'issue du mois de mars 2017 atteint la barre des 3,51 millions de personnes en métropole, bien loin donc de l'objectif de 3 millions de personne évoqué par François Rebsamen. Le président de la République n'a donc pas réussi à inverser durablement la courbe du chômage.

 

Calendrier en retard

L'inversion devait intervenir avant le 9 septembre 2013.

Type de promesse : Engagement oral de campagne

Mots-clés : chômageemploiHollandeTF1TéléCourbeChiffrescrise14 juillet