Développer la relation avec les pays de la rive sud de la Méditerranée

Promesse partiellement tenue

Promesse partiellement tenue de François Hollande

Ephémère brouille marocaine

Avec le Maroc, les relations ont été assombries par une brouille d'un an, ayant entraîné en février 2014 la suspension par Rabat de la coopération judiciaire avec Paris. Une réaction à la convocation par un juge d'Instruction du chef du contre-espionnage marocain, Abdellatif Hammouchi, visé en France par plusieurs plaintes pour torture.

"Une année et de nombreuses médiations ont été nécessaires pour sortir de cette brouille : en février 2015, les ministres de la justice des deux pays ont signé un protocole additionnel à la convention d’entraide judiciaire existante", rappelle Le Monde en septembre 2015.

En février 2015, le ministre français de l'Intérieur, Bernard Cazeneuve, en visite à Rabat, a aussi annoncé que Abdellatif Hammouchi sera décoré de la Légion d'honneur et vante l'efficacité du Maroc en matière de renseignement dans la lutte contre le terrorisme, rappelle l'hebdomadaire Jeune Afrique.

François Hollande a rendu visite au roi Mohammed VI une dernière fois tout début mai 2017, quelques jours avant la fin de son quinquennat.

Algérie, partenaire privilégié

Sous la présidence de François Hollande, les relations entre les deux pays se sont nettement améliorées. "Jamais les relations n'ont été aussi bonnes" confient-t-on en choeur à Paris et Alger. D'abord sur le plan économique, alors que le premier forum algéro-français a été organisé en juin 2015. A cette date, le quotidien Le Monde titre que la relation est "au beau fixe" entre la France et l'Algérie.

Mais c'est sutout en termes de sécurité que les pays ont renforcé leur liens. Au moment de l’opération « Serval » au Mali, l’Algérie avait ouvert son espace aérien aux avions français et fourni un appui en renseignement et en ravitaillement de carburant. Les deux pays sont également sur la même longueur d'onde concernant la situation en Libye.

"Basée sur le pragmatisme, la relation tissée entre Paris et son ancienne colonie dans le domaine de la défense a atteint des niveaux d'intimité jamais vus depuis l'indépendance", a estimé, toujours en juin 2015, le quotidien Le Figaro, pour qui les relations avec l'Algérie sont meilleures que sous le quinquenat de Nicolas Sarkozy.

Visite de Cazeneuve

En avril 2017, le Premier ministre Bernard Cazeneuve a vanté en Algérie "une période exceptionnelle de la relation franco-algérienne" lors du quinquennat Hollande.

A cette occasion, l'hebdomadaire Le Point nuance toutefois : s'il rapporte les propos du Premier ministre algérien Sellal déclarant que "la majorité des contentieux qui bloquaient les relations économiques bilatérales ont été réglés", il cite aussi le responsable algérien relevant "l'inquiétante tendance baissière des investissements français en Algérie, en contradiction par rapport à notre ambition commune de partenariat stratégique".

A l'occasion de l'élection d'Emmanuel Macron, TSA Algérie dresse pour sa part un bilan mi-figue, mi-raisin de l'action de François Hollande, qui avait évoqué en décembre 2012 "la mise en place d’un système d’échanges universitaires du type Erasmus à l’échelon méditerranéen, la création de quatre “instituts d’enseignement supérieur de technologie” algériens, sur le modèle des IUT français, et un projet de maison de l’Algérie à la cité universitaire internationale à Paris (annoncée en 2005 déjà.…)"."Aucun de ces projets n’a vu le jour", note le média algérien, qui relève aussi des résultats "contrastés" concernant les engagements économiques.

"Coopération exemplaire" avec la Tunisie

Le 7 avril 2015, trois semaines après l’attentat du musée du Bardo à Tunis, le président tunisien Béji Caïd Essebsi s'est rendu en France pour une visite d'Etat de deux jours. François Hollande a acté la conversion de 60 millions d’euros dettes tunisiennes en investissements. Par ailleurs, il a promis que la France serait ”l’ambassadeur de la Tunisie en Europe” pour mobiliser le soutien de l’UE.

François Hollande a surtout promis une ”coopération exemplaire” - en matière sécuritaire, économique et culturelle - à la Tunisie. Sans donner plus de détails, le président de la République a mentionné des ”échanges de renseignements” et un renforcement de la coopération pour assurer la sécurité de la frontière tunisienne, voisine de la Libye en plein chaos.

Le président de la République s'est aussi engagé en juillet 2013 à convertir une partie de la dette tunisienne en dons pour favoriser la transition démocratique dans le pays.

>> Voir la promesse sur la conversion de la dette tunisienne

Selon l'AFP, la France est le premier partenaire commercial de la Tunisie et son premier investisseur extérieur. Quelque 1.300 entreprises françaises employant plus de 125.000 personnes sont implantées en Tunisie. Elle est aussi le premier pays pourvoyeur de touristes et le premier bailleur de fonds bilatéral.

Guerre secrète en Libye

En Libye, déstabilisée suite à l'intervention militaire franco-anglaise décidée en 2012 par Nicolas Sarkozy, "la France n'a entrepris que peu d'initiatives pour essayer de rétablir un Etat de droit", note David Roux, titulaire d'un master en Géopolitique de Sciences Po' Toulouse, étudiant à IRIS Sup' en Défense, sécurité et gestion de crises.

En février 2016, le quotidien Le Monde révèle la présence en Libye de forces spéciales et de forces clandestines françaises "pour frapper l’encadrement de l’organisation djihadiste Etat islamique et freiner sa montée en puissance". Ces révélations font l'objet d'une "enquête pour compromission" du secret-défense ouverte par le ministre de la Défense, Jean-Yves Le Drian.

Mais quelques mois plus tard, en juillet 2016, le décès de trois sous-officiers du service action du renseignement extérieur de la France (DGSE) dans le crash d'un hélicoptère dans la région de Benghazi, force le gouvernement à reconnaître la présence de forces françaises sur place. L'accident montre aussi "la très discrète coopération militaire occidentale avec les forces dirigées par Khalifa Haftar, à la tête d’une coalition anti-islamiste qui s’oppose aux milices islamistes et djihadistes dans l’est du pays ainsi qu’au gouvernement d’union nationale, installé à Tripoli", note Le Monde.

Egypte : sous le sceau des grands contrats

En Egypte enfin, Laurent Fabius a commencé par demander en juillet 2013 la libération du président Mohamed Morsi, qui venait d'être renversé, avant que la diplomatie française ne soutienne son successeur, Abdel Fattah al-Sissi.

"Perçu comme un allié de poids dans la lutte contre le terrorisme et l’expansion des mouvements islamistes radicaux", écrit David Roux, celui-ci a aussi été un "partenaire économique de premier ordre achetant à la France pas moins de 24 Rafales, une frégate ainsi que les deux mistrals non vendus à la Russie".

"La France tente de remporter un maximum de marchés et elle reste particulièrement bien vue, économiquement parlant, en Egypte", expliquait en août 2015 Marc Lavergne, directeur de recherche au CNRS et spécialiste de l'Egypte, au site d'informations 20 Minutes. "Et le maréchal al-Sissi a besoin de la France pour acquérir une image respectable auprès de la communauté internationale, en dépit de la répression féroce qui s’opère dans le pays depuis l’arrivée de l’armée au pouvoir".

Pour le chercheur :

Il s’agit d’une politique réaliste à court terme. François Hollande doit redresser la balance économique avant 2017. C’est malheureux et c’est là toute la fragilité d’une démocratie qui détermine sa politique en fonction d’échéances électorales. (...) En Egypte, il reste une intelligentsia et une classe politique diverse dont la plupart des représentants se trouvent aujourd’hui en prison. Il est probable qu’un jour ces gens demandent des comptes à la France.

Malgré tout, les relations avec les pays de la rive sud de la Méditerranée semblent de meilleure qualité à la fin du quinquennat de François Hollande qu'après celui de son prédécesseur, Nicolas Sarkozy.

Type de promesse : Projet présidentiel

Mots-clés : Méditterranéepays émergentsCommerceDéveloppement