Mener à bien un plan de réindustrialisation sur le site de Montataire

Promesse non tenue

Promesse non tenue de François Hollande

Le 5 juillet 2011, à Montataire (dans l’Oise), les 235 salariés de l’usine Still-Saxby, spécialisée dans les chariots de magasinage, apprennent que leur usine va fermer en 2012 : le groupe veut rassembler sa production européenne en Italie et à Châtellerault (Vienne). François Hollande, en pleine campagne présidentielle, se rend à Montataire et promet la réindustrialisation du site, ainsi qu’un encadrement de la procédure LBO (voir promesse).

Reprise par PMI et absence de relance

L'usine est reprise le 17 juillet 2012, pour 1 euro symbolique, par l'entreprise belge Punch Metal International (PMI), qui s’engage à réembaucher une soixantaine d’ex-salariés (115 d’ici fin 2013) en échange d'une aide publique de 3,4 millions d'euros. Mais dès mars 2013, PMI renonce, les 60 salariés repris sont licenciés.

PMI n'a jamais relancé l'activité mais a gagné de l’argent grâce aux subventions publiques et à un montage financier. Le groupe empoche notamment plusieurs millions en vendant le site aux banques, dont la BPI, qui lui louent par la suite dans le cadre d’une opération de «lease-back». Une enquête financière est ouverte en 2014 sur ce montage, parallèlement à une autre affaire de rachat et revente express par PMI.

Fin 2013, PMI est contraint de rembourser une partie des aides publiques (1,4 million d’euros) perçues (voir promesse sur la pénalisation des délocalisations). Une demande du ministre du Redressement productif, Arnaud Montebourg, dès le mois de mars : "Fin 2012, Punch Metals International a réaffirmé ses engagements, mais nous avons pu constater que rien ne démarrait sur le site Still. Il n’y avait toujours pas d’activité", a expliqué à Usine nouvelle Martine Juston, sous-préfet de Senlis (Oise).

Pendant ce temps, les ex-salariés et les élus locaux se battent pour la réindustrialisation du site de Montataire. Une manifestation a lieu en novembre 2013, et en mars 2014, la municipalité interpelle les députés et sénateurs de l’Oise, déclarant que «PMI fait obstacle à la réindustrialisation (du site de Montataire)».

Tentative de revente

A la fin du même mois, PMI annonce qu’un groupe allemand et luxembourgeois, AMS Konzern Société Générale, "a un plan de réindustrialisation et envisage de réembaucher les ex-salariés de Still".

En mars, nouveau rassemblement devant l’usine, deux mois après que le Parisien a évoqué des mouvements suspects sur le site indiquant, selon le maire de Montataire, que PMI démantèle le peu qui reste en place. Les manifestants en appellent à l’Etat pour autoriser la reprise par AMS. Selon France 3, la vente serait bloquée par la Banque publique d’investissement, qui voudrait que PMI finisse de rembourser le crédit-bail contracté à la reprise de l'usine avant de la revendre. PMI, lui, veut transférer le crédit-bail (quelques millions d'euros de dette) à AMS (qui est d'accord).

Le 23 mars 2016, le Parisien constate que le site de Montataire est "à vendre ou à louer", selon un panneau déposé devant l’ex-usine.

Plus-value et chantage ?

Interrogé par Lui Président le 13 décembre 2016, le maire de Montataire, Jean-Pierre Bosino, confirme que PMI cherchait à vendre l'entreprise mais a été bloqué par la Banque publique d'investissement. "Je m’étais faché au début, je me disais que la BPI pouvait faire quelque chose. Sauf qu'en fait, on ne peut pas accuser la BPI d’être responsable de ce nouvel échec. PMI voulait faire une plus-value de 4 millions d'euros, alors qu'ils avaient acheté Still pour 1 euro symbolique…" 

Malgré ses relances auprès du département, du préfet, du ministre de l'Economie, Emmanuel Macron ("qui ne m'a jamais répondu sur ce dossier") , le maire PCF confirme que rien n'a bougé depuis. "PMI continue de payer la location [à la BPI et aux autres banques propriétaires du site], de faire le gardiennage, mais ça reste fermé." Il estime que "le gouvernement ne fait rien du tout dans cette affaire alors qu'on est confronté à la limite du frauduleux". "[PMI] a caviardé le site, ils ont récupéré et probablement revendu l'outillage alors que c'est un site super, qui était prêt à redémarrer." 

Pour Jean-Pierre Bosino, "il y a eu une espère d'accord entre PMI et l'ex-propriétaire de Still, qui ne voulait pas assumer le démantèlement du site […], et ensuite une forme de chantage de PMI auprès du gouvernement : PMI menaçait de planter aussi General Motors à Strasbourg [repris en 2012-2013, et relancé depuis, selon Libération] si on lui cassait les pieds à propos du site de Montataire".

Reclassement et indemnités pour les salariés

Quatre ans après la fermeture de l’usine, “sur les 180 concernés par le plan de reclassement, à peine 30% auraient retrouvé un CDI”, selon le Parisien.

En juin 2015, le tribunal administratif d’Amiens (Somme) condamne l’Etat à verser 1 000 € d’indemnités à chacun des 8 salariés protégés licenciés. Une décision confirmée en appel un an plus tard : l’autorisation donnée par l’inspection du travail du licenciement des délégués du personnel est annulée, le motif de licenciement économique n’était pas avéré, selon la justice.

Par ailleurs, entre-temps, en novembre 2015, les prud’hommes condamnent PMI à verser six mois de salaire à 36 des 60 ouvriers repris en 2012 pour licenciement abusif. Enfin, ils donnent également raison, le 16 septembre 2016, à 156 anciens de Still sur le caractère illégitime de leur licenciement économique.

Le maire de Montataire confirme en décembre 2016 que très peu de salariés ont été recasés, et que certains qui avaient retrouvé un emploi ont été licenciés peu après.

Promesse en cours

Type de promesse : Engagement oral de campagne

Mots-clés : usinesindustriesocialsalariésréindustrialisationMontataireStill Saxbyplans sociaux